Dans l’ombre des néons rouges : confessions au cœur de la rue d’Aerschot
Connu pour son dévouement pour les enfants en tant que délégué général du droit de l’enfant à la Fédération Wallonie-Bruxelles pendant 15 ans. Bernard de Vos est officiellement à la retraite depuis le 1er février 2023. Portrait d’un homme toujours autant engagé.
Quand curiosité rime avec réalité
Dès la sortie de la gare du Nord, l’atmosphère change. Les sons et les rythmes s’atténuent pour laisser place à un silence ponctué de murmures et de regards insistants. Dans ce microcosme singulier, des hommes arpentent les trottoirs, hésitant devant les vitrines ou échangeant des mots à voix basse. Tout semble minutieusement chorégraphié : les travailleurs de la rue, les femmes dans les vitrines et les rares passants qui, comme moi, s’aventurent là par curiosité.
Les vitrines de la rue d’Aerschot, étincelantes et captivantes, exposent des femmes qui maîtrisent leur art : celui d’attirer et de fixer un regard. Leur posture, leur gestuelle et leur manière d’interagir avec les passants sont autant d’outils d’un jeu complexe. Une femme, grande et élégante, tapote sur son téléphone, l’air absorbé. Une autre, plus jeune, tente un sourire avant de se redresser devant son miroir.
Chaque instant dans cette rue rappelle qu’on marche sur une frontière ténue : celle qui sépare la curiosité du voyeurisme, l’observation de l’intrusion
Un carnet, un regard, une nuit parmi les néons
En observant cette scène, l’image que je m’étais faite de cet endroit se déconstruit. Chaque vitrine, chaque regard révèle une histoire bien plus complexe qu’on ne pourrait l’imaginer. Certaines femmes ont peut-être choisi cette vie, mais d’autres n’ont jamais eu ce privilège. Une jeune fille, à peine majeure, reste à l’ombre d’une porte mal éclairée, presque invisible. Je me demande ce qui l’a menée ici.
L’ambiance est étrange, ni complètement oppressante ni réellement décontractée. Les échanges entre clients et travailleuses oscillent entre gêne et désir. Certains passants, comme moi, n’osent pas s’attarder. Plus loin, un snack illuminé d’une lumière blafarde contraste avec l’atmosphère des vitrines : des hommes y mangent en silence, le regard perdu.
La face cachée d’un théâtre humain
Au détour de cette rue, je croise une travailleuse du sexe qui partage un fragment de son histoire. Depuis six ans, elle occupe une des vitrines de la rue d’Aerschot, un choix dicté à l’origine par des besoins financiers urgents. « C’est devenu mon quotidien », me dit-elle, avec une pointe de résignation.
Sa soirée débute à 17 heures et se termine tard dans la nuit, alternant entre périodes calmes et moments d’affluence intense. La patience est essentielle pour gérer des clients aux comportements parfois imprévisibles. La sécurité, bien que cruciale, reste précaire. « La police passe souvent, mais ce n’est pas suffisant. On doit rester sur nos gardes », confie-t-elle.
Elle souhaite que les passants comprennent que derrière chaque vitrine se cache une histoire. « On n’est pas juste des corps exposés. On a nos raisons d’être là. » Quant à l’avenir, elle espère un jour ouvrir son propre salon de coiffure. « Mais pour l’instant, c’est comme ça. »
Son sourire esquissé dissimule une fatigue profonde, une lutte quotidienne que les néons rouges ne parviennent pas à masquer. D’âpres la libre (2)
Une rue, des enjeux, des vies
La rue d’Aerschot est bien plus qu’un lieu : c’est un miroir des réalités sociales, un espace où s’entrelacent migration, précarité, exploitation et parfois autonomie. Alors que je m’éloigne, un sentiment étrange me suit. Ce théâtre de néons et de silences laisse entrevoir un monde complexe, où chaque regard échangé porte le poids d’une histoire souvent invisible.
Sous les néons rouges, cette rue est un puzzle humain. On peut la traverser en quelques minutes, mais la comprendre demanderait bien plus qu’une vie.
- Prostitution : de l’autre côté de la vitrine , Mehmet Koksal, Étui, novembre 2019, consulté le
29/11/2024 - Bruxelles: les communes désemparées face à la prostitution, Pauline Deglume, lalibre, avril2024,
Par Jaelle Belombo– Section Communication

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