Crise politique majeure en Corée du Sud, le président au bord de la destitution

par | 4 Sep 2024 | Articles

Le Parlement sud-coréen prévoit de destituer le président Yoon Suk Yeol après avoir rejeté la mise en place d’une loi martiale jugée « autoritaire ». Quels sont les enjeux politiques pour le futur du pays et leur résonance dans le monde ?

Après le coup de force politique de mardi soir, le président Yoon est menacé par le Parlement européen d’être destitué. En plus d’être rejeté par l’opposition et le peuple (taux d’appréciation à 13% selon la RTBF), le chef d’état vient d’être exclu de sa famille politique, le Parti pour le Peuple (PPP), via un communiqué de Han Doon-Hoong, Premier ministre.

Une première depuis plus de 40 ans

La Corée du Sud n’en est pas à son premier mouvement de contestation vis-à-vis de la mise en place d’une loi martiale. En effet, en 1980, des milliers de citoyen.nes étaient descendu.es dans les rues pour protester contre un coup d’état militaire. Cette fois-ci, le peuple manifeste car « le président est devenu fou », déclare un citoyen, d’après la RTBF.

Yoon Suk Yeol justifie la mise en place d’une loi martiale en expliquant vouloir « contrer les menaces communistes nord-coréennes » et « éliminer les ennemis de l’état ». Or, d’après l’analyse de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques), le président sud-coréen aurait décrété la loi martiale en réaction à la situation parlementaire tendue, au centre de laquelle le projet budgétaire pour 2025 est lourdement critiqué. Le coup de force du chef d’état aurait donc été une tentative de bloquer les discussions autour du budget à prévoir pour l’année prochaine, et le faire ainsi passer de force.

Futur politique imprévisible

L’avenir du président reste incertain, mais le quotidien 20 minutes prédit, dans une interview avec Marianne Péron-Doise, que Yoon Suk Yeol sera renversé demain lors du vote du Parlement pour la motion de destitution, soutenue par les trois quarts de la population sud-coréenne. La réussite d’une telle procédure nécessiterait l’approbation de 200 députés sur 300, rappelle la RTBF. Conjuguées, les forces de l’opposition et celles du PPP, rejetant aussi Yoon Suk Yeol, permettraient de destituer l’actuel chef d’état et relancer de nouvelles élections présidentielles. Cela dit, la Corée du Sud ne sera pas sortie de la crise politique dans laquelle elle est empêtrée, car le budget de 2025 doit encore être voté, et la fin de l’année approche.

Pour l’IRIS, la situation politique sud-coréenne envoie un message à la fois « très bon et très mauvais ». « Très bon » car la réaction du peuple et des partis pour la protection de la démocratie fut efficace ; « très mauvais » car la résonance au niveau mondial est inquiétante. L’instabilité politique actuelle dans le monde entier pourrait être renforcée par cette tentative de loi martiale dans une grande démocratie comme la Corée du Sud, conclut l’IRIS.

Par Jules Hovinne – Section Communication